Alpha brain waves (8-12hz) work as a bridge between the subconscious and the conscious part of the mind. Informations, feelings, creativity, memories, which are deep down in one's mind, cannot become conscious if there is no bridge - no alpha waves - between the two states of mind.

mardi 5 août 2014

Le tire-bouchon et le permis B.

Ce tire-bouchon est responsable de l'obtention de mon permis.


        Juste avant de passer mon permis, je me suis dit que ce serait une bonne idée de faire une petite séance de dessin d'observation, de n'importe quoi au hasard, pour me mettre en état de concentration et stimuler un peu mes facultés de "synthèse de l'environnement" avant l'épreuve fatidique.

Ayant une tendance naturelle à l'éparpillement mental et émotionnel face à toute responsabilité  imminente surgissant du monde extérieur, je me suis dit qu'en plus de focaliser ma concentration à l'extérieur, le fait de dessiner activerait au moins à titre d'échauffement la fonction "prise de risque" dans mon cerveau, pour me préparer à l'épreuve réelle.  
En effet, avant de démarrer un dessin d'observation - ça peut paraître un peu étrange mais je pense que c'est commun à ceux qui pratiquent le dessin même à petite dose - il y a un petit coup de stress, une petite décharge d'adrénaline.
Celle qui est due à l'interrogation ténue, mais irrépressible : "et si je n'y arrivais pas ? Et si je n'étais pas capable de comprendre cette forme et que ma tentative foirait complètement ? Et si je m'apercevais qu'en fait, je suis nul(le) ?" C'est la petite voix mentale qui, avec plus ou moins d'intensité selon notre niveau d'expérience, précède tout saut dans l'inconnu, petit ou grand, et heureusement finit le plus souvent par ployer sous la force tranquille de l'insouciance et de la détermination paisible à tenter l'expérience. 

Cette stratégie a fonctionné à merveille.

Me mettre à dessiner à ce moment là, dans cet état de tension qui précédait le passage du permis - c'est à dire un enjeu plus grand que "vais-je réussir à dessiner ce tire-bouchon" - a agi un peu comme une "répétition générale" au niveau émotionnel.  Je me suis sentie me vider d'un monceau de tensions, comme si le "passage à l'acte", même minuscule, qu'impliquait le simple fait de me mettre à dessiner un tire-bouchon sur une page blanche était en train d'absorber, de prendre sur lui par projection le trouble que j'allais ressentir quand la peur de rater, de rater mon épreuve de permis, me saisirait comme à chaque fois que je suis en situation d'examen. J'ai bien toujours la "petite décharge" avant de commencer un dessin, surtout un dessin d'observation, mais cette fois elle s'est soudain décuplée au point de me faire monter les larmes aux yeux et d'accélérer mon rythme cardiaque, de me faire rougir, suer, enfin... d'entraîner la vague de symptômes physiques visibles du stress, c'est à dire ce qui ne manquerait pas de se produire peu de temps après lors de l'examen.
Le fait de dessiner, en activant innocemment ma fonction "prise de risque", a en fait provoqué une véritable "vidange émotionnelle", qui m'a remise en possession de tout mes moyens pendant l'épreuve, au point que je ne me suis pas reconnue tellement j'étais calme et maîtrisais infailliblement mes émotions...

Ce n'est tout de même pas la première fois qu'un lien assez visible se manifeste entre le fait de me mettre face à ma page blanche, et la posture que j'adopte face à un enjeu réel. C'est quelque chose sur lequel on spécule facilement ("les enjeux existentiels de la créativité"), mais c'est assez frappant d'en faire une expérience aussi radicale. L'acte créatif - qu'il s'agisse d'imagination ou simplement même de recopier ainsi un objet, puisqu'il y a de toute façon toujours une part de re-création et de synthèse intuitive et personnelle dans le dessin d'observation -  demande de se mettre en "état de décision", de mobiliser ses capacités de discernement, de réveiller son sentiment de liberté-responsabilité ; en cela son efficacité en tant qu'outil thérapeutique et de développement personnel n'est plus à prouver...

Il y a plus inspirant qu'un tire-bouchon dans la vie, mais là encore je me suis remise une bonne couche de conscience expérimentale par-dessus la conscience théorique, à savoir qu'il n'y a au fond pas de sujet plus ingrat qu'un autre ; ce qui compte c'est de capter la réalité, et qu'il s'agisse d'une belle femme alanguie ou d'un tire-bouchon en plastique, il n'est pas moins flippant  et stimulant pour l'esprit de saisir l'essence de celui-ci que de la première...

Alors à l'occasion, pour une petite vidange, pensez au tire-bouchon !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire